Posted by: secondeguerremondialeclairegrube | March 23, 2019

Le capitaine Faulques: questionneur

Le capitaine Faulques : questionneur

Grüß Gott !

Roger, légionnaire-tortionnaire, se distingue en Indochine. Et aussi en Algérie.

Wikipedia.org / Roger Faulques / Internet:

« Roger Faulques, né le 14 décembre 1924 et décédé le 6 novembre 2011 (à 86 ans) à Nice, est un militaire français, Chef de bataillon issu de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, officier parachutiste de la Légion étrangère. »

« Terminant la guerre d’Indochine avec 6 blessures et 8 citations, Roger Faulques sert ensuite en Algérie au sein du 1er REP, en particulier comme officier de renseignement de ce régiment, lors de la bataille d’Alger. Il assume la torture pratiquée en Algérie, et se vante d’avoir notamment questionner Henri Alleg, auteur plus tard de La Question. Faulques obtient des résultats de guerre exceptionnels, personnellement artisan du démantèlement de plusieurs réseaux du FLN. » (…)

La vérité sur la mort de Maurice Audin / Jean-Charles Deniau / Equateurs Documents / 2014:

„ Dans les livres sur la bataille d’Alger, le nom du capitaine Faulques est souvent cité.“ (…)

„ Il faisait beaucoup d’interrogatoires ? “

„ Oui. “

„ Il était très dur ? “

„ Oui… “

„ J’ai lu quelque part que c’est lui et son équipe qui interrogeaient les femmes ? “

„ Oui, c’est Faulques qui s’occupait d’elles. “ (…)

Des Françaises d’Algérie dans la guerre de libération des oubliées de l’histoire / Andrée Dore-Audibert / Annie Morzelle / Karthala / Paris / 1995:

« Les ordres sont bien compris par les officiers et par Faulques que nous retrouvons présent dans toutes les séances de torture. » (…)

« Arrêtée le 5 mars 1957 par les légionnaires du 1er régiment étranger de parachutistes (1er REP), mise au secret, torturée selon le régime classique appliqué à la villa Sésini, c’est-à-dire gifles – eau – électricité – coups de poing – de pied, etc. Elle fera connaissance avec le capitaine Faulques qui avait dit à H. Alleg « vous pouvez me regarder, je suis le capitaine Faulques,vous savez le fameux capitaine SS. » « Moi, je fais parler les gens en leur mettant un couteau sur la gorge, la nuit. » (…)

« Durant cette période, des lieux de tortures, réservés aux interrogatoires sont organisés dans chaque ville. Une équipe de tortionnaires spécialisés, se déplacent d’un lieu à l’autre dans toute l’Algérie. Ainsi les noms du lieutenant André Charbonnier, du capitaine Faulques, du lieutenant Philippe Erulin, du sergent Feldmeyer resteront gravés dans l’histoire de la torture en Algérie au même titre que celui de Barbie pour les résistants français. » (…)

„ Extrait de la plainte de Mlle Eliette Loup étudiante et militante algérienne d’origine européenne au Tribunal… (…) :

« Mercredi 3 matin, menée à l’interrogatoire avec cagoule dans le bureau du capitaine Faulques, là, coups sur la figure, tête cognée contre le mur, gifles à nouveau jusqu’au saignement de nez. J’avais la joue et le nez enflés et très mal aux oreilles. Retour en cellule. Le soir amenée, cagoule sous laquelle on peut à peine respirer, mise à nue, torture à l’électricité sur tout le corps avec menaces :

« Il fait nuit, personne ne sait que tu es là, tu parleras ou on te tuera. »

« L’un des bourreaux demande que l’on mette l’électricité dans le sexe, un autre faisait le simulacre de me couper le bout du sein. En plus des secousses électriques je suffoquais sous la cagoule et sous une main qui étouffait mes cris. Je fus relevée et une séance d’étranglement contre le mur suivit. » (…)

Vendredi 5. Dans l’après-midi, amenée, traînée plutôt car mon corps était tout paralysé devant le capitaine Faulques : « Tu parles ? ». « Non ». Retour immédiat en cellule (…)

« J’ai été arrêtée une première fois en février 1957 pour l’hébergement d’une jeune femme médecin recherchée par la police. Croyant à ma bonne foi, j’ai, après une nuit passée à la villa Susini, été relâchée au petit matin. Une deuxième fois le 26 mars, à 10 heures ½ du soir par la même équipe de policiers qui portaient la tenue du 1er régiment étranger de parachutistes (1er REP), les berets verts et officiaient à la villa Sésini en compagnie du capitaine Faulques. Nous étions en pleine « Bataille d’Alger », les attentats se multipliaient et la répression s’accentuait. »

« Il faisait nuit et je n’ai pas pu bien voir où j’étais, je suis arrivée à 10 h ½ à « la villa Sésini » lieu d’interrogatoire et de torture. J’y suis restée une nuit et une journée. »

« Vers minuit moins le quart après avoir reçu des gifles terribles et des coups de pied par le capitaine Faulques qui n’avait que 4 doigts, il lui manquait l’index, un sadique mémorable pour nous toutes par ses gifles. J’ai dit que ne ne savais rien, on m’a mis une cagoule. Ils allaient commencer par l’électricité, je ne savais pas ce que c’était, je n’ai pas vu l’appareil, l’un a dit « il faut recharger la batterie ». On m’a mis l’électricité sur tout le corps et le policier que l’on appelait « Filochard » me posait des questions. » (…)

« Ils ont dû se rendre compte que je ne savais rien. Au début j’ai joué l’imbécile en disant que je ne savais rien. Tout se passait à la villa Sésini avec le capitaine Faulques et son équipe de flics déguisés en paras. » (…)

« Il y avait avec nous Mme Hélie qui avait un rayonnement fantastique, les paras l’admiraient, ils étaient devant elle presqu’à genou d’admiration, elle était radieuse malgré ses 56 ans, c’était une vraie chrétienne avec des yeux rayonnants et un courage tranquille, elle n’a pas été torturée selon le programme classique, c’est-à-dire battue, même Faulques n’a pas osé la frapper ! On lui a mis une cagoule et on l’a mise debout pendant des heures et jetée en proie à un chien policier qu’elle a apprivoisé. » (…)

La torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie / 1954-1962 / Raphaëlle Branche / Gallimard / 2001:

« Le capitaine Faulques accueille toujours les suspects et mène le premier interrogatoire, accompagné souvent de gifles, de coups et d’insultes. Son ancien camarade de régiment Hélie de Saint Marc dépeint un homme de grand courage, solitaire et intransigeant. (…) Quand il parlait, son menton et les muscles de son cou se crispaient de passion contenue. Son regard brûlait d’une lueur dévorante qui fascinait ses interlocuteurs ou qui les effrayait. On le disait brutal. Il était au-delà de ces étiquettes », ajoute l’ancien putschiste. » (…)

« Les Français d’origine européenne arrêtés par le 1er RCP sont en effet, à un moment ou à un autre, conduits villa Sésini ou confrontés au capitaine Faulques – ce qui prouve la spécialisation de sa compagnie dans ce domaine sensible. Sans être jamais majoritaires, les femmes sont nombreuses à être interrogées et torturées à la villa Sésini comme à l’école Sarraouy… » (…)

« Ainsi, quand Claude Lacascade est torturée, le capitaine demande à ses hommes de faire moins de bruit et commande la puissance de la gégène. Elle se souvient qu’ « ils lui appliquèrent les  électrodes sur le dos et sur les seins, le capitaine Faulques donnant des ordres tels que « plus fort », « moins fort ». (…)

« Outre la cagoule, la séance de torture physique est annoncée par la mise à nu systématique des victimes. Nus et aveuglés devant des hommes habillés et armés, les « suspects » sont doublement exposés et affaiblis. Le capitaine Faulques, qui reçoit les aveux finaux, qualifie tout ce qui les précéde de « préparation psychologique » : « Il s’agit d’affoler, de paralyser le patient en lui prouvant son impuissance par une mise en scène à laquelle participent également les insultes les plus ignobles, le chantage abject, les menaces de mort. » » (…)

Nostalgérie / L’interminable histoire de l’OAS / Alain Ruscio / La découverte / 2015:

« Roger Faulques »

«  On doit peut-être le respect, militairement parlant, au « premier » Faulques, qui a mené une guerre de terrain (en Indochine), qui a failli y laisser la vie. (…) C’était la guerre, et Faulques l’a faite en professionnel. En Algérie, son activité fut moins « avouable ». Car, de la brousse vietnamienne, il était passé aux salles de torture algéroises. Chef des tortionnaires de la villa Sesini, particulièrement réputé pour sa férocité, d’après Henri Alleg, qui l’a eu en face de lui, arrogant, haineux. » (…)

Roger Faulques / L’homme aux mille vies / 1924-2011 / Marc Dupont / Indo Editions / 2017:

« La rencontre n’a bien évidemment fait l’objet d’aucun témoignage, exceptés ceux des deux interlocuteurs. On peut vraisemblablement la reconstituer ainsi:

« Elle aurait débuté par une erreur psychologique de Faulques qui, pour impressionner le détenu, se présente comme « le capitaine Faulques, vous savez, le célèbre capitaine SS, vous avez entendu parler ? » ce qui semble très mal venu vis-à-vis d’Henri Alleg qui est d’origine juive. »

« Ce dernier, qui ne manque pas de courage devant son interlocuteur et ne se laisse pas intimider, va le traiter en retour de fasciste. Cette réflexion n’est en fait guère plus intelligente à l’encontre d’un ancien résistant qui a risqué sa vie pour chasser l’occupant allemand hors de France. »

« Le capitaine n’accepte évidemment pas cette provocation de la part d’une personne qui cautionne l’action des tueurs FLN. Exaspéré par son demi-sourire méprisant, Faulques gifle violemment Henri Alleg qui en tombe de son siège. » (…)

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« On le disait brutal »

Claire GRUBE


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